jeudi 22 décembre 2011

Rêve numéro 5: sur le toit du Mexique



Novembe 2006: premier voyage en Amérique Centrale, au Panama et surtout au Costa-Rica. Ce dernier pays compte pas mal de volcans, et son point culminant, le Chirripo, culmine à 3820 mètres, altitude plutôt élevée pour la région. Après en avoir fait l'ascension, plusieurs Costariciens me font remarquer qu'il s'agit du sommet le plus haut d'Amérique Centrale. Sans que cela ait été un objectif, je trouve plutôt cool d'avoir atteint ce point particulier.
Novembre 2007: direction le Guatemala avec Tof. On prévoit de gravir quelques sommets, dont deux 4000m, le plus haut étant le Tajumulco avec 4220 mètres. Tiens, j'ai l'impression que les Ticos se sont foutus de moi ou alors qu'ils sont mauvais en géographie (ou les deux). Notre guide nous confirme que c'est bien ce sommet qui est le plus haut d'Amérique Centrale. Bon, ce coup-ci, je crois que c'est bon, c'est fait !
Novembre 2011: me voilà au Mexique ... et devinez quoi: je crois que les Guatémaltèques ne sont pas meilleurs en géographie que les Costariciens. Même si certains considèrent le Mexique comme faisant partie de l'Amérique du Nord,  je crois quand même que c'est ici que se trouve la montagne la plus élevée d'Amérique Centrale.

Direction donc le Pico de Orizaba, culminant à 5636 mètres d'altitude (enfin, personne ne sait vraiment en fait, l'altitude exacte semblant être comprise entre 5600 et 5700 mètres).
Je me rends dans le petit village de Tlachichuca, au pied du volcan, passer la nuit dans un gite tenu par un "guide" qui propose également aux alpinistes de les monter en 4x4 au refuge qui est vraiment éloigné de la dernière route carrossable. Les prévisions météo semblent mauvaises, je me tâte, ne sachant pas trop quoi faire. Et comme je dis souvent, quand on ne sait quoi décider, il faut attendre, la décision viendra naturellement. Bingo pour ce coup-ci: un car arrive, avec un groupe de 50 personnes d'un club de montagne de Mexico (une sorte de GUM local, mais avec des encadrants alpi quand même vachement moins sympas et compétents ;-) qui prévoit de dormir au refuge et faire l'ascension en même temps que moi.
OK ... bon ben je reviendrai quand ça sera plus tranquille alors ! C'est pas que je sois asocial, mais quand même un petit peu.

Retour quelques jours plus tard sous un grand soleil, et peu de personnes prévues pour l'ascension d'après le propriétaire du gite. Trop peu même, car sans personne avec qui partager les frais, aller au refuge en 4x4 est hors de prix, environ 120$. Bon, ben je me contenterai d'un taxi et je marcherai ensuite. Un peu en retard, j'entame la longue marche jusqu'au refuge, en n'ayant que de vagues informations sur sa localisation exacte. Tout ce que je sais, c'est qu'il ne faut pas suivre la piste, trop longue, mais prendre des raccourcis. Problème: il n'y a pas de véritable chemin. Va falloir avoir du flair et improviser !


Après deux heures de marche, et pas complètement sur de la direction exacte à suivre, j'opte pour la technique indienne: il y a des traces de pas, visiblement des chaussures de montagnes, de taille assez grande ... ça doit bien mener au refuge ! Bien vu: je l'atteins une heure plus tard, un peu avant la nuit.

Une quinzaine d'alpinistes occidentaux sont déjà présents dans le refuge. Tous sont montés en 4x4, avec de larges réserves d'eau, des provisions, du matériel pour cuisiner et leurs guides. Je suis en léger décalage en étant monté à pied, avec 3 sandwiches et 3 litres d'eau pour deux jours. Ils me regardent d'ailleurs un peu bizarrement lorsque je débarque avec mon gros sac dans la seule grande pièce du refuge.
La nuit est courte: à partir de minuit les réveils se succèdent et la plupart des gens ne sont que peu respectueux de ceux qui dorment encore: discussions à haute voix, lumières dans les yeux et même photos aux flash, ce qui me permettra de faire plus ample connaissance avec deux allemands qui ne voient pas en quoi cela peut être dérangeant pour les dormeurs.

En ce qui me concerne, le départ se fait à 3 heures, en même temps qu'un groupe que je distance rapidement. Le sentier est bon, assez efficace et je rattrape un autre groupe en abordant les premières pentes de neige un peu raides. Bon, soyons prudents: je mets les crampons et continue jusqu'à un col que j'atteins après 3 heures de marches. Mauvaise nouvelle: le vent se lève, il fait vraiment froid. J'enfile tous les vêtements que j'ai, je me réchauffe un peu, sauf les mains: je crois que j'ai été optimiste en ne prenant qu'une paire de gants polaires.
Première récompense tout de même: j'ai droit à l'un des plus beau lever de soleil de ma vie, là, tout seul, perché à 5000m, au dessus des plaines mexicaines.


Le spectacle continue une fois le soleil bien levé, avec l'ombre du volcan qui se projette en contrebas.



Une pente de neige mène à l'antécime. Elle ne parait pas très longue, mais c'est une fausse impression. Je dois faire beaucoup de pauses pour me réchauffer les doigts et éviter qu'ils ne gèlent, je commence à avoir faim également. Mais comme je dis souvent: "Manger c'est tricher" ... et pis de toutes façons je suis parti à l'arrach' sans prendre de nourriture adéquate, ça résout le problème. J'atteins enfin le bord du cratère sommital, bien fatigué. Une arête neigeuse file vers le sommet. Le cheminement est aisé, mais mieux vaut de pas glisser d'un coté ou de l'autre.


Et enfin ... après 6 heures de marche me voici au sommet ! C'est magnifique. Je l'ai encore une fois pour moi tout seul, ça devient une (bonne) habitude.

Cumbre !

Happy !!!

Après ces quelques minutes de bonheur, il est temps de redescendre. A proximité du col je croise les deux groupes doublés le matin: ils sont tous très fatigués, avancent lentement, certains n'ont plus d'eau et à ce rythme il leur reste encore 3 bonnes heures avant le sommet. J'ai mal pour eux ! Surtout je sais que je dois les attendre au refuge pour profiter de leur 4x4 et ne pas rentrer à pied. Je leur donne de l'eau, leur souhaite bonne chance et poursuis ma route.


La descente se fait sans encombres et j'arrive au refuge à la mi-journée.

  

La longue attente commence ... Heureusement, pour faire passer le temps je peux discuter avec des guides mexicains (auxquels je revends mon matériel qui ne me servira plus) et une alpiniste russe qui me raconte ses dernières vacances à Chamonix, sous la pluie pendant deux semaines (je lui explique que c'est normal ;-). Ça n'est que vers 18h qu'arrivent deux groupes de zombies, complètement explosés et à bout de forces, mais contents d'avoir finalement pu atteindre le sommet également. Cool, on va pouvoir rentrer !!!

C'en est terminé pour la montagne au Mexique ... et je tiens à remercier chaleureusement mon support logistique très efficace qui m'a permis de récupérer mon matériel de montagne en cours de route !!

Pour les détails techniques et pratiques, c'est toujours sur C2C.

Et vous pouvez retrouver ici les meilleures photos prises dans l'état de Puebla.



Dream #5 : On the top of Mexico

 

November 2006: first trip to Central America, in Panama and especially in Costa Rica. This country has got a lot of volcanoes, and its highest point, the Chirripo, culminates at 3820 meters, which is rather high for the region. After hiking it, many Costaricans point me out that this is the highest peak in Central America. Even if this has never been a goal, I find pretty cool to have reached this special point.

November 2007: go to Guatemala with Tof. We plan to climb a few peaks, two above 4000m, the highest being the Tajumulco with 4220 meters. Well, I feel that the Ticos were kidding me or maybe they are just bad in geography (or both). Our guide tells us that this summit is the highest in Central America. Well, this time, I think it's good: it's done !

November 2011: I am in Mexico ... and guess what: I think the Guatemalans are not better in geography than Costaricans. While some consider Mexico as part of North America, I still think this is where is the highest mountain in Central America.

Let’s go then to the Pico de Orizaba, rising at 5636 meters (well, nobody really knows, in fact, seems that the exact altitude is in between 5600 and 5700 meters).

I reach the small village of Tlachichuca at the foot of the volcano, spend the night in a lodge owned by a "guide" who also carries mountaineers to the shelter with his jeep, as it is really far from the last normal road. The weather seems bad, I am wondering, don’t know what to do. And as I often say, when you do not know what to decide, wait, the decision will come naturally. Bingo for this time: a bus arrives, with a group of 50 people from a mountainering association in Mexico (a kind of local GUM, but with alpinism supervisors not as nice and competent ;-), supposed to sleep in the hut and to climb the same time as me.

OK ... well, I'll come back when it's quieter then ! It's not that antisocial, but still a little bit.

Back a few days later, sunny weather, and few people expected to climb says the owner of the lodge. Even not enough, because no one with whom to share the cost of the jeep to the hut, which is expensive, about $ 120. So, I'll take a taxi and then I will walk. A little bit late, I begin the long walk to the hut, having only vague information on its exact location. All I know is that I should not follow the ‘road’ for jeeps too long, but take shortcuts. Problem: there is no real trail. I will have to improvise !

After two hours of walking, and not completely on the exact direction to follow, I opt for Indian technology: there are footprints, apparently of hiking boots, size large enough ... although it should go the way to the hut ! Good decision: I reach one hour later, just before dark.

About fifteen western climbers are already in the hut. All of them came in jeeps, with large water reserves, food, cooking equipment and guides. I feel a little bit different, as I hiked, with 3 sandwiches and 3 liters of water for two days. They look at me strangely when I arrive with my heavy backpack in only large room of the hut.

The night is short: starting at midnight, people wahe up and are just disrespectful of those who are still sleeping: discussions with a loud voice, lights in the eyes and even photos with flash, which will allow me to introduce myself to two Germans who do not understand that this can be disruptive to the sleepers.

As for me, I start hiking at 3.00am, with a group that I distance quickly. The trail is good, very effective and I overtake another group when reaching the steep first slopes of snow. Well, let's be careful: I put the crampons on and continue until I reach a pass after three hours. Bad news: the wind picks up, it's really cold. I put all my clothes on, I get a little bit warmer, except the hands, I think I was optimistic when bringing only one pair of polar gloves.

First award, however: I am entitled to one of my  most beautiful sunrise ever, here, all alone, perched at 5000m, above the plains of Mexico.

The show continues after the sun rose, with the shadow of the volcano projected below.

A snow slope leads to the lower summit. It does not seem very long, but it is a false impression. I have to do a lot of pauses to warm my and prevent them from freezing, I'm getting hungry too. But as I often say: "Eating is cheating" ... and anyway I got packed quickly, without taking adequate food, which solves the problem. Finally I reach the edge of the summit crater, quite tired. A snowy ridge goes to the top. The path is easy, but it’s better not to slip on one side or the other.
And finally ... after 6 hours of walking here I am on top ! It's amazing. I am alone, it becomes a (good) habit.

After few minutes of happiness, it's time to go down. Near the pass I meet the two groups seen in the morning: they are all very tired, move slowly, some are out of water and with this speed there is still a good 3 hours before the summit. I am sorry for them ! Mostly I know I have to wait at the hut to enjoy their jeep and not to walk home. I give them water, wish them good luck and keep on going down.

The descent is made without incident and I arrive at the hut around noon.

The long wait begins ... Fortunately, I can talk with mexican guides (I sell them the equipment that I don’t need anymore) and with a russian mountaineer who tells me about her last rainy holidays in Chamonix (I explain her that that's normal ;-). Around 6.00pm arrive two groups of zombies, completely exhausted, but happy to have finally been able to reach the top as well. Cool, let’s go back !

It is all done for the mountains in Mexico ... and I want to warmly thank my very efficient logistical support that allowed me to get my mountain gear on the way !
You can find here the best pictures taken in the state of Puebla.

dimanche 11 décembre 2011

Rêve numéro 4: Sébastian Castella et la Monumental de Mexico


Petite pause entre deux virées en montagne pour moi, et entre deux récits d'ascensions pour vous (oui, oui, ne vous inquiétez pas, il y a encore un article sur la montagne à venir :-), et direction la ville de Tlaxcala à une centaine de kilomètres de Mexico.

Qu'est-ce que je vais faire dans cette ville méconnue ?
- déjà la visiter, car Tlaxcala est réputée pour son centre typique et ses bâtiments coloniaux,
- en novembre s'y déroule une féria, et je suis curieux de voir à quoi ça ressemble,
- qui dit féria dit corrida, et j'ai très envie d'assister à une corrida au Mexique,
- et en plus ça n'est pas n'importe quelle corrida, puisque outre deux toreros locaux peu connus, figure au cartel Sébastian Castella.

Le paséo

Pour éclairer les non aficionados, Sébastian Castella est un toréro biterrois d'une trentaine d'années, il est le meilleur toréro français de tous les temps, et un des tous meilleurs mondiaux depuis une dizaine d'années. Et surtout, de par sa technique très aboutie, sa façon de toréer, son style et sa classe naturelle, il est de loin le toréro que je préfère.

Il est midi, le bus me pose quelque part dans Tlaxcala, et le chauffeur m'explique vaguement ou se trouvent les arènes afin que je puisse aller acheter ma place pour le spectacle de l'après-midi. Je suis un peu perdu, j'essaie de me repérer sur le plan de mon guide, je lève les yeux pour trouver un nom de rue ... et là surprise: qui je vois, juste devant moi, sur le trottoir et sortant de son hôtel ... Sébastian Castella lui même ! Incroyable !!
Il faut savoir que les toréros sont généralement des personnages très secrets, mystérieux voire un peu mystiques et qu'il est vraiment rare de pouvoir les approcher et à fortiori de les rencontrer.
Je le salue en français: à son tour d’être  surpris de rencontrer un compatriote dans cette petite ville du fin fond du Mexique. Nous discutons quelques minutes (réel privilège pour lui moi ;-), puis je lui souhaite bonne chance pour la corrida à venir, il me remercie de venir de si loin pour le voir toréer, et nous posons pour une petite photo souvenir.

C'est qui qui les plus beaux ? ;-)

Il parait que les Mexicains ne sont à l'heure qu'en deux occasions: pour les enterrements et pour les corridas. Je crains que ça ne soit inexact. Le spectacle de l'après midi commence en retard (chose impensable en France ou en Espagne), les spectateurs le sont encore plus, et tout se déroule dans une ambiance bon-enfant, mais quelque peu dissipée. Les premiers toros sont laids, mal faits, leurs cornes semblent afeïtées (limées), mais le public peu connaisseur n'en a que faire. Les toreros mexicains usent de tous les artifices pour paraitre spectaculaires et courageux, personne n'y trouve à redire ... je suis légèrement déçu, mais je m'y attendais un peu.


La suite est un peu meilleure, mais les toros faibles, sans noblesse ni bravoure ne permettent pas le triomphe des toreros. Sébastian Castella s'en sort mieux que ses compagnons, grâce à sa technique et à sa science des toros, mais il perd d'éventuels trophées en tuant mal ses adversaires. Dommage !

La fin de la soirée est très calme: pas de fête dans les rues ou dans les bars, rien à voir avec les férias du sud de la France: tout le monde va se coucher ... il ne me reste plus qu'à en faire autant ... 

Quelques jours plus tard ... 

Tout aficionado rêve de voir son art préféré dans les plus grandes arènes de France, d'Espagne ou d'Amérique Latine. Depuis une quinzaine d'années que je fréquente les "plazas de toros", j'ai ainsi eu la chance de pouvoir assister à des corridas à Béziers, Nîmes, Arles, Pampelune, Quito, avec l'espoir de pouvoir aller un jour à Madrid, Séville et ... Mexico.
La Monumental de Mexico ... les plus grandes arènes du monde ... 48000 places. Tous les plus grands y ont triomphé. Sébastian Castella y a gracié un toro l'an dernier, fait rarissime, auquel il a symboliquement coupé les deux oreilles et la queue. Depuis, c'est le héros de tout un peuple, une idole ici au Mexique. Ça tombe bien, il est à l'affiche en ce dimanche après-midi de novembre.


Première impression en pénétrant dans l'enceinte: c'est énorme, vraiment énorme. Malheureusement, en ce weekend prolongé de quatre jours pour les Mexicains, de nombreux Chilangos ont quitté la capitale et les arènes ne sont remplies qu'aux deux tiers environ. C'est tout de même impressionnant.
La vie étant assez bon marché ici, j'ai pu me payer une place dans les premiers rangs.
Premier constat: il doit y avoir quelqu'un de connu assis derrière moi, car tout le monde regarde dans cette direction. Je me retourne ... ben non, je ne vois pas ... personne de célèbre que je connais. 
J'engage la conversation avec mon voisin qui m'explique que je ne dois pas payer mes bières à chaque fois que j'en commande une, mais qu'il me faut garder les grands verres en carton vides et payer à la fin en fonction de ce que j'ai bu. Je me fais, au passage, la réflexion que cela n'aurait aucune chance de fonctionner en France ...
- Est-ce que tu sais pourquoi tout le monde regarde derrière nous ?
- Ouai, il y a Matt Damon assis trois rangs derrière !
- Qui ça ?
- Matt Damon !!!
- Connais pas ... qui c'est ?
- Ben, un acteur américain ... très célèbre ...
- Ah bon ... connais pas ...
- Ouai, regarde, c'est mec avec la casquette noire, il est assis à coté d'un acteur de la série "Prison break"
- Aahh ...
Je n'ai pas osé en demandé plus, je crois que je suis suffisamment passé pour un inculte comme ça.


16h30, la corrida commence à l'heure cette fois-ci. Les toros, même si plus petits qu'en Europe, sont bien présentés. Malheureusement, à l'exception d'un, ils sont faibles, tombent à plusieurs reprises et sont vite fatigués. Les trois toreros font néanmoins de leur mieux pour présenter un spectacle de qualité devant un public de connaisseurs.
Mes voisins mexicains enchainent les bières à un bon rythme, me font gouter quelques spécialités culinaires locales, jusqu'à la mort du sixième et dernier toro. Bonne surprise: comme cela se produit parfois au Mexique et parce que les spectateurs sont mécontents de la qualité du bétail, l'organisateur décide "d'offrir" deux toros supplémentaires. L'espoir revient, les commandes de bières reprennent ... mais la fin de la corrida ne sera pas meilleure.

La soirée a quand même été bonne, mais je commence à être un peu "borracho" ... ça tombe mal, demain je me lève très tôt pour retourner dans les montagnes ...

Vous pouvez voir ici une sélection de photos prises dans les états de Tlaxcala et Morelos, et  celles de Mexico City et des alentours.



Dream #4 : Sébastian Castella and the Monumental of Mexico



Short break in between two trips in the mountains for me, and two stories of climbing for you (yes, yes, do not worry, there is still an article about the mountains coming :-), and let's go to the city of Tlaxcala, one hundred kilometers from Mexico City.

What am I going to do in this unknown city?
- Visit first, as Tlaxcala is famous for its downtown and its typical colonial buildings,
- a feria takes place overthere in November, and I'm curious to see what it looks like,

- in any feria, there are bullfights, and I really want to attend a bullfight in Mexico,
- and it’s not any bullfight, as in addition to two local bullfighters, Sebastian Castella is also schedulded.
To inform non-aficionados, Sebastian Castella is a thirty years old french bullfighter, he is the best french bullfighter ever, and one of the very best in the world fort the past ten years. And above all, by his very accomplished technique, his way of bullfighting, his style and his natural class, he is my favorite one.
It is noon, the bus drops me down somewhere in Tlaxcala, and the driver tells me vaguely where is the bullfight ring so that I can go and buy my ticket for the show in the afternoon. I'm a little bit lost, have a look at the map of my guide, I look up to find a street name ... and surprise: who can I see in front of me on the sidewalk and coming out of his hotel ... Sebastian Castella himself ! Incredible !
Be aware that the bullfighters are usually very secret characters, mysterious and even a little mystical and it's really rare to be able to approach and even more to meet them.
I tell him “Hello” in french, he is really surprised to meet a fellow in this small town deep in Mexico. We discuss a few minutes (real privilege for him me ;-), then I wish him good luck for the fight to come, he thanks me for coming from so far to see him, and we go for a “souvenir” picture.


It’s told that the Mexicans are always late, except for two events: funerals and bullfights. I got to say it’s not true at all. The show starts late (something impossible in France or Spain), viewers are even more late, and everything happens in an atmosphere of good-natured but somewhat dissipated. The first bulls are ugly, poorly made, their horns seem to be filed but the public just does not care. The mexican bullfighters make use of every artifice to seem dramatic and courageous, no one finds fault ... I am slightly disappointed, but it’s not a real surprise.
Following is a little better, but the weak bulls, without courage or nobility, do not allow the triumph of the bullfighters. Sebastian Castella is doing better than his companions, with his technique and his knowledge of the bulls, but he looses any trophies when killing his opponents badly. Too sad !


The end of the evening is very quiet: no party in the streets or in bars, nothing to do with the “ferias” in the south of France: everyone goes to bed ... I do the same ... 

A few days later ... 

Any aficionado dreams of seeing his favorite art in the larger bullfight rings of France, Spain or Latin America. For fifteen years that I go to the "plazas de toros," I have had the chance to see bullfights in Beziers, Nimes, Arles, Pamplona, ​​Quito, with the hope to go one day in Madrid, Seville and ... Mexico.

The Monumental de Mexico ... the bigest bullfight ring in the world ... 48,000 seats. All major bullfighters have triumphed here. Sebastian Castella has saved a bull here last year, an extremely rare event, to which he symbolically cut the two ears and the tail. Since then, he is the hero of an entire people, an idol here in Mexico. Luckily, he is fighting this november sunday afternoon.
First impression when entering the “arena”: it's huge, really huge. Unfortunately, during this four-day long weekend for Mexicans, many Chilangos have left the capital and the ring is filled only two-thirds. It's still impressive.


Life is pretty cheap here, so I could pay for a place in the front rows.
First observation: there must be someone famous sitting behind me, because everyone is looking in that direction. I turn around ... well no, I do not see ... no famous person I know.
I start the conversation with my neighbor who tells me that I should not pay for my beer every time I order one, but I need to keep large paper cups empty and pay at the end depending on what I drank. I am, by the way, thinking that this couldn't work in France ...

- Do you know why everyone is looking behind us ?
- Yeah, there's Matt Damon sat three rows behind !
- Who ?
- Matt Damon !
- Do not know ... who is he ?
- An American actor ... very famous ...
- Ah ... I don't know him ...
- Yeah, look, this is the guy with the black cap, he is sitting next to an actor of the program called "Prison Break".
- Aahh ...
I did not ask anything more ...
16.30, the bullfight starts on time this time. The bulls, though smaller than in Europe, are well presented. Unfortunately, with the exception of one, they are weak, falling several times and are quickly exhausted. The three bullfighters are doing their best to present a quality show to an audience of experts of bullfighing.
My mexican neighbors are drinking beers, make me taste some local specialties, until the death of the sixth and last bull. Good surprise: as this sometimes happens in Mexico and because spectators are unhappy with the quality of bulls, the organizer decides "to gift" two more bulls. Hope is back, we order new beers ... but the end of the bullfight is not better.

The evening was still good, but I'm getting a little drunk ... bad news, because tomorrow I get up very early to return to the mountains ...

Please find here a selection of pictures from the states of Tlaxcala and Morelos, and there those from Mexico city and around.

mercredi 30 novembre 2011

Rêve numéro 3: les gros "pechos" pour moi tout seul !


Je vous entends d'ici vous dire: "Ça y est, rien ne va plus, il fait une fixation, après le coup des "chicas buenas" il nous remet ça ! Commence à y avoir quelque chose qui ne tourne pas rond dans sa tête !"

Détrompez-vous, ça n'est pas du tout ce que vous imaginez !
Les "pechos" sont en fait le point culminant de l'Iztaccihuatl ("la femme blanche") ou Izta, troisième plus haut sommet du Mexique avec 5230 mètres. Pourquoi ce nom alors ? Tout simplement parce que vue de loin, cette magnifique montagne ressemble, avec un peu d'imagination, à une femme allongée.


En effet, de gauche à droite, on peut reconnaitre:
- la cabeza (la tête),
- les pechos (la poitrine),
- la panza (l'estomac, le ventre),
- las rodillas (les genoux),
- los pies (les pieds).

L'Izta a pour voisin le Popocatepetl ("la montagne fumante") ou plus simplement Popo, qui est avec 5452m le deuxième plus haut sommet du pays. Ce volcan est actif, et l'ascension en est malheureusement interdite depuis 1994.

Dans la mythologie aztèque, Iztaccíhuatl était une princesse qui tomba amoureuse d'un soldat de son père. Son père envoya son amant guerroyer dans l'État d'Oaxaca, lui promettant sa fille comme femme s'il revenait vivant (ce que le roi ne désirait pas). On dit à la princesse Iztaccíhuatl que son amant était mort, et elle décéda elle-même de chagrin. Quand il revint, il mourut à son tour de l'avoir perdue. Les dieux les recouvrirent de neige et les changèrent en montagnes. Celle d'Iztaccíhuatl fut nommée "femme blanche" parce qu'elle ressemblait à une femme allongée sur le dos. Quant à lui, il devint le volcan Popocatepetl, faisant pleuvoir du feu sur la terre en signe de rage, après la perte de sa bien-aimée.

Bon, maintenant que j'ai bien recopié Wikipédia, je vais pouvoir passer aux choses sérieuses !

Depuis quelques années que j'avais envie de venir au Mexique, j'ai régulièrement consulté des guides de voyage et internet, et j'ai découvert qu'il y avait ici de très hautes montagnes, de plus de 4000 voire 5000 mètres. Renseignements pris, il est apparu que ces sommets étaient techniquement très abordables et à la portée de toute personne pratiquant un tant soit peu l'alpinisme et n'ayant pas de problèmes avec la haute altitude. Inutile donc de dire que j'ai eu rapidement très envie de les gravir !

Après deux premiers sommets d'acclimatation (voir article précédent), me voilà donc gonflé à bloc pour aborder l'Izta. Le scénario est désormais classique: un peu de bus depuis Mexico, du taxi là ou il n'y a plus de transport en commun ... et là mauvaise nouvelle: contrairement à ce qu’annonçaient les prévisions météo mexicaines, il ne fait pas beau du tout, le ciel est très nuageux et il pleut par intermittences. C'est le but (ou l'échec pour les non montagnards), mais peu importe, je reviendrai plutôt que de risquer de ne rien voir et de ne pas profiter des paysages.

Deuxième tentative quelques jours plus tard ... yes, c'est tempête de soleil, il fait beau et chaud, et pour la première fois, depuis l'endroit ou me pose le taxi à 4000m, je peux enfin voir l'Izta de près !

Question: à quoi sert la boite jaune ? Une Corona pour la 1ère bonne réponse.

Direction le refuge, situé environ 800 mètres plus haut, les paysages sont d'une grande beauté.


Je n'ai pas regardé assez attentivement les schémas disponibles sur internet et je galère un peu pour trouver le petit refuge. La nuit va bientôt tomber, la pression monte un peu, mais finalement je retrouve le bon chemin et j'arrive à bon port. Perché à 4780 mètres d'altitude, le refuge domine les plaines mexicaines. La vue est sublime, et la solitude totale, car une fois de plus il n'y a personne d'autre que moi sur la montagne: c'est le luxe !!!

  

 J'ai droit à un coucher de soleil magnifique.


Puis l'obscurité se fait plus présente, et en bas les villes s'illuminent, c'est féérique !


La nuit tombe, et à cette altitude le froid devient vite plus intense: il est temps de rentrer. Le refuge est plutôt bien équipé. Une casserole un peu sale, un vieux sachet de pâtes, de l'alcool à bruler solide en boite: je vais même pouvoir manger chaud, contrairement à ce que j'avais prévu :-) Et pis je découvre que je ne suis finalement pas si seul: une famille de petites souris habite les lieux. Elle feront un sacré bruit pendant tout la nuit.

5h30: le réveil sonne. La nuit a été mauvaise j'ai du dormir deux fois une heure, il a fait vraiment froid. Je déjeune, m’apprête à mettre mes lentilles et c'est la surprise: j'entends quelqu'un appeler dehors.
"Hola ! Ça va ?"
PPPfff, si je m'attendais à ça ! Il y a quelqu'un d'autre sur la montagne ... un espagnol, bien sympa avec lequel je vais passer une bonne partie de la journée. Il a dormi sur le parking, est parti très tôt et compte monter le plus haut possible, mais n'ayant ni crampons, ni piolet, il sait qu'il ne pourra pas rejoindre le sommet. La bonne nouvelle c'est qu'il a bien deux bras (heureusement, car il est moniteur de kayak) et ne devrait donc pas trop avoir besoin d'aide :-)
Nous voilà donc partis pour assister après une demi heure à un très beau lever de soleil.

Au fond la Malinche et le Pico de Orizaba

Le jour se lève sur le Popo qui fume

Quelques pas d'escalade facile mais exposés pour franchir une barre rocheuse et nous voici après 1h30 de marche au sommet de la première "rodilla". Nous découvrons la suite: une longue succession de montées et de descentes à plus de 5000m nous attendent.


Nous voilà donc partis, le souffle court, pour remonter le "corps" de l'Izta: la "rodilla" principale, puis la "panza". C'est ici que s’arrête l'amigo bien fatigué. Je continue tout seul, le sommet est encore loin.


Je traverse un glacier, heureusement non crevassé, puis marche sur le fil d'arêtes neigeuses. Le final se profile: l'itinéraire se raidit, plus besoin des crampons, je dois maintenant évoluer sur une sorte de sentier raide, avec plein de petits gravillons qui le rendent glissant, toujours sur le fil d'une arête bien exposée. Là encore pas trop le droit à l'erreur, mais il n'y a pas de difficulté technique, tout juste faut-il de temps en temps s'aider des mains. Obligation d’être super concentré quand même ... jusqu'à arriver au sommet.
J'y suis, c'est magnifique, la vue est sublime, je suis seul au monde.

Vue sur le chemin parcouru

J'en profite quelques minutes avant de me résoudre à redescendre: le retour s'annonce bien long !
Après quelques heures nous revoici au parking, et surprise: une équipe TV fait un reportage sur le travail des gardes du parc national qui regroupe les deux volcans. Nous sommes filmés ... et devrions passer sur une chaine mexicaine dans quelques semaines. Mais ça on s'en fiche un peu, le plus important c'est que l'équipe de tournage a de la place à l'arrière de son pickup et nous descend jusqu'à la civilisation, nous évitant ainsi une très longue marche sur la route :-)

Pour ceux que les détails techniques et logistiques intéressent, vous pouvez jeter un œil au topo C2C.


Dream #3 : the big "pechos" only for me !


I can hear you saying, "Here it is, nothing works, he is becoming crazy, after the "chicas buenas" he does it again ! There is something going really wrong in his head !"
Don't worry, it is not at all what you think about !

The "pechos" are the highest point of the Iztaccihuatl ("the white woman") or Izta, the third highest peak in Mexico with 5230 meters. Why this name then ? Simply because from a distance, this magnificent mountain looks like, with some imagination, a woman laying down. 
Indeed, from left to right, we can recognize (see first picture): 
- The "cabeza" (head) 
- The "pechos" (chest), 
- The "panza" (stomach, abdomen), 
- The "rodillas" (knees), 
- The "pies" (feet).
The Izta's neighbor is Popocatepetl ("the smoking mountain") or simply Popo, that is with 5452m the second highest mountain in the country. This volcano is active, and the ascent is unfortunately banned since 1994.
In Aztec mythology, Iztaccíhuatl was a princess who felt
in love with a soldier from his father. Her father sent her lover fighting in Oaxaca, promising him his daughter as a wife if he returned alive (what the king did not want). It has been said to Princess Iztaccíhuatl that her lover was dead and she died of sadness. When he returned, he died in his turn because of loosing her. The gods covered them with snow and turned them into mountains. That of Iztaccíhuatl was called "white woman" because she looked like a woman lying on her back. As for him, he became the Popocatepetl volcano, raining fire on the earth as a sign of rage, after the loss of his beloved.
Okay, now that I have copied Wikipedia, I can get down to business !
For several years that I wanted to come to Mexico, I regularly consulted guidebooks and internet, and found that there were here very high mountains over 4000 or even 5000 meters high. Then it appeared that these peaks were technically very affordable and accessible to any person practising a little bit of mountaineering and having no problems with the high altitude. No need to say that
very quickly I had really wanted to climb them !
After the first two peaks of acclimatization (see previous article), I am really motivated to go to the Izta. The scenario is classic: some bus from Mexico City, the taxi where there is no public transportation ... And the bad news: contrary to the mexican weather forecasts, it's not sunny at all, the sky is cloudy and it's raining intermittently. I won't go, but no matter, I will come back rather than risk not to see and not to enjoy the scenery.
Second attempt a few days later ... yes, it's sun storm, it's nice and warm, and for the first time, from the place where the taxi drops me down, at 4000 meters high, I can finally see the Izta closely !
On the way to the hut, located approximately 800 meters higher, the landscapes are very beautiful.
I have not looked carefully enough at the pictures available on the internet and I cannot really find the small hut. The night will soon fall, the pressure rises a little bit, but I finally find the right trail and arrive safely. Perched at 4780 meters above sea level, the shelter overlooks the plains of Mexico. The views are amazing, in a total solitude, because once again there is no one but me on the mountain: a luxury !
I am entitled to a beautiful sunset.
Then the darkness is coming, and below I can see the lights of the cities, it is magical !
Night falls and the cold at this altitude quickly becomes more intense: it's time to get in. The hut is fairly well equipped. A pot a bit dirty, old bag of pasta, solid alcohol in can, I'll even be able to eat hot, contrary to what I expected :-) And then I discover that I am finally not alone: a family of little mice lives there. It will be a hell of noise throughout the night.
5:30am: The alarm rings. The night was bad, I have slept twice an hour, it was really cold. Breakfast, getting ready to put my contact lenses and it's the surprise: I hear someone calling outside. 
"Hola! Okay ?"
PPPfff, how could I expect that ! There is someone else on the mountain ... a spanish guy, very friendly, with who I will spend much of the day. He has been sleping at the parking, left early and will climb as high as possible, but having no crampons or ice axe, he knows he can not reach the top. The good news is that he has two arms (luckily, because it is a kayak instructor) and should not need any help :-) 
So here we are walking to attend after half an hour to a beautiful sunrise.
After some easy but exposed climbing in order to cross a rocky wall and one hour and a half of hiking, we reach the top of the first "rodilla." We can now see what follows: a long succession of ups and downs
ahead, over 5000m.
So here we are gone, shortness of breath, on the "body" of the Izta: the "rodilla" principal, then the "Panza". Here stops the tired "amigo". I continue, the summit is still far away.
I cross a glacier, fortunately, without crevasses, then walk on over snowy ridges. The final is approaching: I do not need crampons anymore, I must now move on a sort of steep trail, with lots of little pebbles that make it slippery, always on the edge of an exposed ridge. There is no place for error, but there is no technical difficulty, just need to use hands from time to time to help. Obligation to be super concentrated anyway ... until reaching the top.
Here I am, it's georgeous, the view is amazing, I am alone in the world.
I take advantage of it a few minutes before going down: the return will be very long !
After a few hours we are back on the car park, and surprise: a TV crew is recording about the work of the guards
of this National Park that includes both volcanoes. We are filmed ... and should go on a mexican channel in a few weeks. But we do not care at all about this, the most important is that the crew has seats in the back of  its pickup and can take us down to civilization, avoiding us  a very long walk on the road :-)

jeudi 24 novembre 2011

"Pourquoi escalader ces montagnes ? Simplement parce qu'elles sont là." Edward Whymper


Voilà maintenant environ trois semaines que je suis arrivé à Mexico. Si cette ville gigantesque et tentaculaire est assez incroyable (j'en reparlerai ... ou pas), elle occupe également une position assez centrale au milieu des plus hauts volcans mexicains. Alors même si j'avais un peu prévu de faire un break avec la montagne, l'appel des cimes aura finalement été le plus fort ... impossible de résister à l'envie de découvrir de nouveaux paysages et d'atteindre ces sommets inconnus pour moi.


Premier objectif: La Malinche (4461m)

Ascension la plus facile de mon programme, elle consiste en une randonnée d'environ 1300 mètres de dénivelé, mais avec pas mal de distance à parcourir. Bizarrement cette montagne porte le nom d'une  amérindienne qui fut l'interprète, la conseillère et la maîtresse du conquistador Hernan Cortes durant l'invasion du Mexique.
Après 3 heures de bus depuis la capitale, bonne nouvelle: il y a un camping avec bungalows au départ du sentier à 3100m. Passer la nuit ici me permettra de m'acclimater un peu à l'altitude. Mauvaise nouvelle: les bungalows sont hors de prix, et comme c'est le weekend, ils sont tous occupés par des familles mexicaines ... impossible de trouver quelqu'un avec qui en partager un. Petite lueur d'espoir: il y a visiblement une supérette dans le camping qui loue tente et duvet. J'y vais sans trop y croire et demande à la vieille commerçante.
Comme je suis seul, elle est très fière de me donner son plus petit modèle de tente spéciale pour une personne: j'essaie de lui expliquer que ça n'est peut-etre pas une bonne idée, mais elle m'assure que je rentre dedans. Coté duvet, c'est pire: j'ai droit à un duvet de gamin, avec de jolis dragons dessinés dessus. Là par contre elle me dit qu'il sera peut-etre un peu juste. Elle a effectivement un compas dans l’œil, car le duvet m'arrive péniblement au nombril. Les nuits étant fraiches en altitude je lui fait comprendre que ça va être un peu léger, et elle me donne en plus une magnifique couverture en pilou rose fuchsia, ainsi qu'un matelas pour éviter que je me réveille avec le dos bloqué.
Me voilà donc sortant du magasin prêt à aller installer tout ce matériel, et devinez quoi ?
Ben oui, la pluie commence à tomber. Depuis presque deux mois et demi que je suis parti ce sont mes premières gouttes de pluie ... juste au moment ou je dois monter la tente ! J'arrive quand-même à installer mon campement sous ces quelques gouttes qui n'auront été qu'un aimable échantillon de ce qui allait arriver. En effet, en plus d’être froide, la soirée aura été bien arrosée et humide surtout à l'intérieur de la tente, la faute à un toit de tente inadapté et trop petit pour empêcher les parois de se mouiller. Ça tombe bien, car même en diagonale mes pieds et ma tête touchent franchement ces parois.


On est pas bien là ?

Le réveil a lieu à 4 heures, au moment ou le karaoké horriblement fort d'un bungalow voisin finit par s’arrêter. Sacrés Mexicains, toujours prêts à faire la fête (et à en faire "profiter" les autres).
Après une heure de marche dans les sous bois, le chemin se raidit et devient glissant. Je vois à quelques dizaines de mètres devant moi un homme à moitié à quatre pattes, ayant du mal à tenir en équilibre. Quand j'arrive à sa hauteur il s'appuie contre un arbre et me parle. Je ne comprends rien, mais alors rien du tout. Je lui demande de répéter, plus lentement. Il parle vite, n'articule pas ... impossible de comprendre quoi que ce soit. Finalement après deux minutes, j'arrive à analyser la situation:
- il lui manque un bras, ce qui le déséquilibre,
- il n'a plus la lumière à tous les étages,
- et surtout il veut que je l'aide.
Cool ... me voilà donc marchant avec un mexicain accroché à mon bras pendant une bonne demi-heure. Je dois le tirer, l'aider, l’empêcher de tomber: je me régale ! Je ne parlerais pas de ma belle polaire complètement pourrie par sa main pleine de terre ;-)
Je le laisse quand le chemin redevient moins raide et je file vers le sommet encore lointain après qu'il m'ait remercié chaleureusement. Les paysages sont sauvages, vraiment jolis, et je rejoins la cime après une dizaine de mètres d'escalade facile, mais demandant de l'attention car les rochers sont rendus glissants par les quelques centimètres de neige tombés pendant la nuit. Malgré le vent froid, je profite longuement de la vue.


Faut pas glisser de ce coté !

Lors de la descente, je croise de nombreux Mexicains en route vers le sommet. Entre ceux qui ont une grosse surcharge pondérale et peinent alors qu'ils sont très loin de la fin, ceux qui n'ont pas d'eau pour une ascension qui dure plusieurs heures et ceux qui sont en tee-shirts sans vêtements chauds, je pense que le taux de réussite du jour n'aura pas été très élevé. Néanmoins je suis surpris de voir autant de monde venir se balader dans les montagnes. Le retour se fait tranquillement ... jusqu'au moment ou je redouble, dans la partie raide, mon "pote" à un seul bras. Bien sur il me réagrippe, me demande de l'aider à nouveau. Mouai ... je lui fais remarquer que tous ses potes sont là et que eux pourraient l'aider. Visiblement il préfère que ça soit moi, je suis vraiment très honoré :-(
J'aurais toutes les peines du monde à m'en défaire, mais au moins ça me fait des souvenirs !



Deuxième objectif: le Nevado de Toluca (4691m)

Un peu plus haut que la Malinche, ce sommet est un volcan inactif dans le cratère duquel se trouvent deux lagunes: la laguna de la Luna et la laguna del Sol.
Une route en terre permet d'accéder à un refuge ... enfin plutôt un frigo, situé à 4000 mètres environ. Après une petite embrouille avec le chauffeur de taxi qui me prend pour un lapin de trois semaines, je m'installe: une salle en béton, un lit superposé ... c'est simple, et je commence à appréhender le froid de la nuit à venir avec mon nouveau duvet "Made in Mexico".

Le refuge vu de loin ...

... et de près. Vais être bien là !

La nuit aura effectivement été bien fraiche, et le réveil matinal presque une libération. Un peu trop matinal d'ailleurs le réveil: de nuit, le chemin est parfois impossible à suivre. Mais la récompense arrive bientôt et j'ai droit à un magnifique lever de soleil.


Je rejoins une arête rocheuse ou alternent sentier bien tracé et passages d'escalade facile. Je suis seul sur la montagne, c'est le pied ! Les quelques passages un peu techniques demandent la plus grande attention, car en cas de problème, personne ne viendra me chercher ici avant quelques jours.
Le sommet se rapproche petit à petit et les dernières difficultés apparaissent.

C'est tout droit !

Encore quelques dizaines de mètres d'escalade facile en zigzag de part et d'autre de l’arête et j'en aurai terminé avec l'ascension. Je redouble de concentration car le rocher devient moins bon, l'exposition augmente, et surtout tout le coté de l’arête orienté au nord (et donc encore à l'ombre) est recouvert d'une bonne couche de givre rendant les cailloux très glissants, surtout en baskets. Mais je termine sans encombres et peux profiter d'une bonne pause confortablement assis sur les rochers sommitaux.

PPPfff, faut tout faire soi même !

La vue sur les lagunes est magnifique !


La descente est tranquille, je profite encore des paysages et rentre au refuge tôt. Je comptais sur d'éventuels touristes en voiture pour me redescendre et m'éviter quelques kilomètres de marche sur la route, mais c'est peine perdue. Je suis toujours seul et dois me résoudre à rejoindre la civilisation à pied.


Pour les curieux, vous pouvez retrouver les détails pratiques et techniques et .


"Why climbing on those mountains ? Simply because they are here." Edward Whymper


It is now about three weeks since I arrived in Mexico City. If this huge, sprawling city is pretty amazing (I will talk about this later ... or maybe not), it also occupies a fairly central position in the middle of the highest volcanoes in Mexico. And even if I was planning to take a break with the mountains, it has been impossible for me to resist to the desire to discover new landscapes and reach these peaks unknown to me.

First objective: La Malinche (4461m)

Easiest
ascension of my program, it is a 1300 meters (difference in altitude between start and summit) hike, but with a lot of distance. Strangely this mountain has the name of an Indian woman who was the interpreter, the counselor and the mistress of the conquistador Hernan Cortes during theinvasion of Mexico.
After 3 hours by bus from the capital, I got good news: there is a campsite with bungalows at the trailhead at 3100m. By spending the night here I will get acclimated to the altitude. Bad news: the bungalows are expensive, and as is the weekend, they are all occupied by Mexican families ... impossible to find someone with whom to share one. Glimmer of hope: there is a mini supermarket in the camping that rents some equipment. I go without much hope and ask the old woman.
As I am alone, she is very proud to give me the smallest special tent for one person: I try to explain that it may not be such a good idea, but she assures me that it fits. Concerning the sleeping bag, it's worse: I get a very nice one for kids with dragons drawn on it. She tells me that it might be a little bit small. Indeed she has very good eyes, because it hardly goes from my feet to my belly button. As long as nights are cold at this altitude, I tell her that it may not be enough to have a good sleep. So she also gives me a very beautiful pink blanket and a mattress to ensure that I wake up without a strong backache.
So here I am leaving the store, ready to install all this equipment, and guess what?
Yeah, the rain begins to fall. For almost two and a half months since I left it was my first drops of rain ... just when I have to put up the tent ! I successfully install my camp in the few drops that have been a nice sample of what would happen. Indeed, in addition to being cold, the evening has been well watered and moist especially in the interior of the tent, the fault of an inadequate roof, too small to prevent the walls from getting wet. Unfortunatelly, because even when laying diagonally my feet and my head touch the walls.
The alarm occurs at 4 o'clock, when the horribly strong karaoke, coming from a nearby bungalow eventually stops. Those Mexicans, always ready to party !
After an hour's walk in the woods, the trail becomes slippery and steep. I see a few dozen meters in front of me a man on all fours, having trouble keeping balance. When I get close to him he's leaning against a tree and talks to me. I do not understand anything at all. I ask him to repeat it more slowly. He speaks quickly, does not articulate ... impossible to understand anything, really. Finally after two minutes, I can analyze the situation:
- He has only one arm, which explains the imbalance,
- He has a few problems with his brain,
- And above all he wants me to help him.
Great ... So here I am walking with a mexican guy hanging on my arm for a good half an hour. I have to drag, help and prevent him from falling, I really enjoy ! I will not talk about my beautiful polar jacket completely ruined by his very dirty hand ;-)
I leave him when the path becomes less steep and I go to the still distant summit after he thanked me warmly. The scenery is wild, really pretty, and I reach the top after ten meters of easy climbing, but asking for attention because of slippery rocks covered by a few inches of snow fallen overnight. Despite the cold wind, I enjoy the view during a long time.
During the descent, I meet many Mexicans on their way to the top. Considering those with a big overweight and struggling as they are very far from the end, those who have no water for a climb that lasts several hours and those in T-shirts without warm clothes, I think that the success rate of the day has not been very high. However I am surprised to see so many people walking in the mountains. The return is easy ... until I meet again, in the steep part, my "buddy" with a single arm. Of course he wants me to help him again. Mmmffff... I point out that all his friends are there and could help. Apparently he prefers me, I'm really honored :-(
I would have all the trouble to get rid of him, but at least it gives me funny souvenirs !

Second objective: the Nevado de Toluca (4691m)

Slightly higher than the Malinche, the summit is an inactive volcano in the crater of which are two lagoons: Laguna de la Luna and Laguna del Sol.
A dusty road provides access to a hut ... or I should better say a fridge, located at 4000 meters. After a brief confuse with the taxi driver who considers me as a three weeks old rabbit (french expression), I settle: a concrete room, a bunk bed ... it's simple, and I begin to be afraid of the cold night coming  with my new sleeping bag "Made in Mexico".
The night has actually been very cool, and morning awakening was a liberation. A little bit too early maybe: at night, the trail is sometimes impossible to follow. But the reward is coming soon and I am enoying a beautiful sunrise.
I reach a rocky ridge on which a well marked path and easy climbing passages alternate. I am alone on the mountain, I love it ! The few technically harder passages require some attention, because if something goes wrong, no one will get me here before a few days.
The summit is approaching gradually and the latest difficulties arise.
Another hundred feet of easy climbing zigzags on either side of the ridge and I am finished with the climb. I focus on my concentration as the rock becomes worse, the exposure increases, and above all, the side of the ridge facing north (and therefore still in the shade) is covered with a thick layer of frost making the stones very slippery, especially when climbing with sport shoes. But I end carefully and can enjoy a nice break sitting comfortably on the uppermost rocks.
The view on the lagoons is amazing !
The descent is easy, I still enjoy the landscapes and return to the hut soon. I rely on potential tourists driving down and picking me up in order to save me a few miles of walking on the road, but there are none. I am always alone and have to walk back to civilization.